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Le français : une histoire d'amour

Pour la Saint-Valentin, célébrons aussi l’anniversaire de la langue française

Les nouveautés de janvier et de février au rayon imaginai...

Découvrez une sélection de nouveautés et de coups de cœur des mois de janvier et février au rayon science-fiction, fantasy, fantastique.

Etty Hillesum

Découvrez notre selection de livres sur Etty Hillesum, jeune femme déportée dans les camps, nous léguant son journal.

Les éditions Zoé fêtent leurs 50 ans

Célébrez l'anniversaire des éditions Zoé en (re)découvrant leur catalogue

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Thomas Römer - La Bible

Thomas Römer vous présente son ouvrage
"La Bible" aux éditions Labor et Fides. Entretien avec Pierre Coutelle.

Sandrine Collette - Madelaine avant l'aube

Sandrine Collette vous présente son ouvrage
"Madelaine avant l'aube" aux éditions Lattès. Entretien avec Jean-Claude Raspiengeas. Rentrée littéraire janvier 2025.

Coups de cœur

Eloge du risque

Prendre le risque de vivre.
"Prendre le risque de ce qui est à venir est une prodigalité que l'on ne se permet pas. Car c'est risquer de tout perdre ce qu'on avait soigneusement amassé : habitudes, permissions, secrètes défaites, plaisirs furtifs, petits arrangements avec les morts. Risquer de voir ainsi toutes nos cachettes démasquées , sans assurance d'être un tout petit peu protégés? Non merci. Il est salutaire de se réfugier là où l'on peut n'est-ce pas..." 

Dans "Eloge du risque", Anne Dufourmantelle s'inscrit à rebours de notre tendance à la protection, au repli et à la répétition névrotique et nous encourage à consentir au risque de se blesser, de souffrir, de perdre et se perdre en impasses et fausses routes, seule façon peut-être de trouver le chemin vers l'acte ô combien rare et courageux de vivre pleinement. 

"L'instant de la décision, celui où le risque est pris, inaugure un temps autre, comme le traumatisme. Mais un trauma positif. Ce serait, miraculeusement, le contraire de la névrose dont la marque de fabrique est de prendre aux rets de l'avenir de telle sorte qu'il façonne notre présent selon la matrice des expériences passées, ne laissant aucune place à l'effraction de l'inédit, au déplacement, même qu'ouvre une ligne d'horizon."

Pour cela, il faut s'autoriser à sortir du sommeil de l'existence, de toutes ces formes de renoncements et de résignation qui nous enlisent dans les passions tristes et faire le pari de l'inconnu pour rendre enfin possible la rencontre avec l'intensité, la grâce, la joie, l'amour, la beauté, la liberté...en somme se donner la possibilité de faire l'expérience de la richesse de tessiture de l'existence et éprouver les effets de notre capacité à désirer, de notre pouvoir d'agir et d'accueillir les événements avec leur part d'imprévu.

Dans ce merveilleux éloge, au croisement de la philosophie et de son expérience d'analyste, Anne Dufourmantelle décline toutes les façons que nous avons de prendre ou pas le risque de vivre et nous donne une matière des plus précieuses pour notre réflexion à tous.

Aliénor d'Aquitaine : Souveraine femme

La vie exceptionnelle d'Aliénor d'Aquitaine par le grand médiéviste Martin Aurell. Une biographie moderne et éclairée !
Dans cette biographie, Martin Aurell s'érige en tant que défenseur de l'écriture de l'Histoire, il réaffirme le rôle d'objectivité de l'historien dans son approche et dans son analyse en croisant une pluralité de sources et de chercheurs... proposant, en quelque sorte, une mise à jour de l'écriture de l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine. De ses contemporains à nos historiens du XXe siècle, nombreuses ont été les idées reçues circulant autour d'Aliénor. Celles-ci démontrent surtout que le personnage ne laisse pas indifférent celui qui l'étudie.

La modernité de l'analyse de l'historien se retrouve dans sa perception du rôle de la femme au Moyen Âge, démontrant la longue existence d'une histoire de femme écrite par les hommes pour les hommes. Pour lui, il faut percevoir Aliénor à la lumière d'une nouvelle histoire qui attribue à la femme du XIIe siècle un pouvoir, certes informel, mais certain. Tout en déconstruisant les légendes autour d'elle, il remet en avant l'importance de son rôle de souveraine du royaume de France puis d'Angleterre.

Aliénor était-elle une exception ? Héritière de l'Aquitaine, la plus vaste principauté du royaume de France, elle s'est imposée comme une figure majeure du Moyen Âge. Était-ce le nombre et le prestige de ses enfants, son double mariage royal, sa participation à la croisade, sa révolte contre ses maris ou sa longévité par rapport aux autres femmes de son temps qui ont fait sa renommée ? Sa longue et riche vie révèle toute la portée de son autorité féminine.

Estime de soi et fin du monde

Luke Healy revient avec un ouvrage très personnel...
Après deux romans graphiques chez Casterman, Luke Healy revient avec "Estime de soi et fin du monde", un ouvrage très personnel paru aux Editions Cambourakis.

La vie d'un auteur de bande dessinée n'est pas toujours facile, celle de Luke Healy ne déroge pas à la règle. Des échecs, des remises en question, des déceptions même, mais qui ont fait de lui la personne qu'il est aujourd'hui. Au-delà d'être une bande dessinée qui raconte la vie d'un auteur, de sa famille et qui est traversée par de multiples événements aussi tragiques qu'heureux, "Estime de soi et fin du monde" fait avant tout du bien à celles et ceux qui le lisent. 

A découvrir sans plus tarder ! 

Je m'empare du monde où qu'il soit, de Letizia Battaglia et Sabrina Pisu aux éditions Actes Sud

« Je conseille de photographier de très près, à la distance d'un coup de poing ou d'une caresse » Letizia Battaglia
Actes Sud édite "Je m'empare du monde où qu'il soit", dont la version originale a été publiée en 2020. Ce livre est composé de deux parties. La première est le récit fait par Letizia Battaglia de sa propre vie racontée à Sabrina Pisu. La seconde, écrite par Sabrina Pisu, est un regard porté sur le journalisme italien de la deuxième moitié du XXème siècle, ainsi que sur le contexte politique de la Sicile, de Palerme et par conséquent, inévitablement, sur la mafia. Ce livre, avec les traductions d'Eugenia Fano et Géraldine Bretault, fait écho à l'exposition qui a lieu au Château de Tours, jusqu'au 18 mai 2025, de l'œuvre photographique de Letizia Battaglia.

Letizia Battaglia est née en 1935 à Palerme. Elle restera profondément attachée à cette ville et à la Sicile jusqu'à sa mort en 2022. A travers son récit, on prend connaissance d'une vie peu commune et habitée d'une grande générosité. Adolescente, elle grandit face à un père qui lui impose cette idée : " A quoi bon faire des études, de toute façon un jour tu vas te marier, ça ne te sert à rien." Pour échapper à cet enfermement, elle se marie très jeune et devient mère de trois enfants. Pour autant, elle n'obtient pas davantage de son mari dans sa quête d'épanouissement. Letizia Battaglia révèle qu'elle commence à vivre à 35 ans, quand elle quitte son mari et débute sa carrière de reporter-photographe pour L'Ora, au début des années 1970. "Je suis venue à la photographie par hasard. Je n'avais ni la culture suffisante ni l'envie de photographier. Je voulais devenir écrivaine. J'ai commencé à photographier sérieusement en 1974. Avant, j'étais journaliste ou, plutôt, j'écrivais pour gagner mon pain." Elle dirige par la suite l'équipe de photographes du quotidien. En 1977, elle fonde une galerie de photographie, tout en dirigeant des ateliers de théâtre à la Real Casa dei Matti (l'hôpital psychiatrique de Palerme). C'est également à cette période que la mafia change de stratégie et opte pour une escalade de la violence jusqu'au milieu des années 1990 avec les assassinats des juges Falcone et Borsellino. Letizia Battaglia, notamment à travers son travail de reporter-photographe, documente les crimes commis par la Cosa nostra et les procès. Elle participe à un travail informatif, emprunt d'un caractère qui invite à la mobilisation et à la lutte. "Je photographiais tout. Brusquement, mes archives se sont remplies de sang. Des archives de douleur, de désespoir et de terreur, de jeunes drogués, de jeunes veuves, de procès et d'arrestations. Chez nous, Franco et moi étions entourés de mort, de personnes assassinées. C'était comme être au milieu d'un carnage. [...] Je sentais que je devais combattre. Il en allait de ma responsabilité, car j'appartenais au peuple sicilien. Nous ne devions pas permettre que la partie corrompue de la société décide de l'avenir de tous. C'est ainsi qu'avec mon appareil photo, je suis devenue folle, j'ai vécu une vie désespérée." Son travail sur la mafia, extrêmement puissant, participe à faire sa renommée. Letizia Battaglia devient internationalement reconnue lorsqu'elle remporte le prix photographique "William Eugene Smith" en 1985. Cette distinction récompense un travail qui dépasse le cadre du regard qu'elle porte sur la Costra nostra. La photographe sicilienne documente la vie quotidienne de Palerme avec une grande empathie. Elle poursuit son engagement politique en devenant adjointe au maire de Palerme, puis en obtenant une place de députée au parlement régional. Une aventure éditoriale voit également le jour quand elle crée les éditions "battaglia" en 1992 et si le Centre International de la Photographie de Palerme est créé en 2017 c'est en grande partie grâce à elle et ses fonds. Elle dirigera logiquement cette institution jusqu'à sa mort. Avec ce texte elle évoque aussi ses modèles, Pasolini, Koudelka, Pina Bausch...

La seconde partie, écrite par son amie Sabrina Pisu, permet de mieux nous rendre compte du contexte politique et social dans lequel vivait Letizia Battaglia. Elle met en lumière ce qu'était L'Ora, "une leçon de journalisme et de photojournalisme qui a fait date et a apporté une contribution importante à la construction d'une conscience civique parmi l'opinion publique de Palerme." Elle précise les caractéristiques, le fonctionnement de la mafia, et donne à comprendre comment la lutte contre la Cosa Nostra a été menée. Elle cite cet adage qui s'est cristallisé parmi les citoyens de Palerme à l'époque où la violence de la mafia semblait sans limite : "ce n'est pas la peine de faire des projets, parce que toute façon on ne pourra pas les réaliser, et ce n'est pas la peine de les réaliser, puisque de toute façon tout sera détruit."

Ce livre invite, avec une incroyable force, à préserver nos manières empathiques de vivre ensemble.